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Le débat entourant la réforme de la prévoyance professionnelle (LPP), qui sera soumis à votation en Suisse le 22 septembre 2024, a pris une tournure alarmante, largement influencée par des arguments politiques qui masquent les véritables enjeux. En tant que spécialiste de la prévoyance, il est crucial de recentrer la discussion sur les faits et non sur des amalgames trompeurs.

Le manque à gagner à la retraite restera conséquent pour la plupart des travailleurs en Suisse. Nous constatons une amélioration notable pour les revenus modestes et personnes exerçant une ou plusieurs activités à temps partiel avec l’introduction de la réforme LPP21. Les revenus supérieurs à 70’560.- voient en revanche leurs rentes de retraite encore diminuer.

De facto, les rentes à la retraite de l’AVS et de la LPP ne permettront pas de maintenir un niveau de vie correct à la retraite, on restera bien loin des 80 % du revenu à la retraite, l’objectif visé par la LPP lors de son introduction.

Tout d’abord, il est fondamental de clarifier une confusion récurrente : l’AVS et la LPP sont deux systèmes fondamentalement différents, tant dans leur structure que dans leur fonctionnement. L’AVS, pilier du système de retraite suisse, repose sur un modèle de répartition. Dans ce système, les cotisations versées par les travailleurs actifs sont immédiatement utilisées pour payer les pensions des retraités actuels. Ce mécanisme est intrinsèquement collectif : il s’agit d’une solidarité intergénérationnelle où l’ensemble de la population active cotise dans un pot commun, redistribué aux personnes âgées en fonction de la moyenne de leurs revenus pendant la vie active et les années de cotisations, de manière uniforme. Ce modèle assure un certain niveau de sécurité pour tous les citoyens, mais sa viabilité dépend largement de la démographie et de l’économie nationale, car il est financé au fil de l’eau par les contributions actuelles sans constitution préalable de capital pour chaque individu.

En revanche, la LPP, qui constitue le deuxième pilier du système de prévoyance suisse, s’appuie sur un modèle de capitalisation individuelle. Ici, chaque travailleur cotise à un compte personnel au sein d’une fondation de prévoyance, accompagné par une contribution au moins égale de son employeur. Cet argent est investi au fil des années, générant des intérêts qui viennent augmenter le capital. À la retraite, ce capital accumulé est restitué au salarié, soit sous forme de rente, soit sous forme de capital. Contrairement à l’AVS, la LPP n’implique pas de redistribution collective ; chaque employé reçoit ce qu’il a personnellement épargné, en plus de ce que son employeur a versé. Ainsi, l’évolution des rentes LPP en Suisse dépend principalement des cotisations puisque chaque individu finance directement sa propre retraite, des performances des placements financiers mais également du taux de conversion du capital en rente qui dépend de l’évolution démographique. Ces différences structurelles entre l’AVS et la LPP rendent toute comparaison directe inappropriée et toute confusion entre les deux systèmes hautement problématiques pour un débat éclairé sur les réformes en cours.

Sources de l'article

Cet article provient du journal Le Monde Économique et est écrit par Alain Canonica Sales Manager pour FCG.